18/07/2008
Droits de l’Homme sans ambiguïtés
« … considérant que l’ignorance,l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements (…)
Extrait du préambule à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789.
Les cérémonies du 14 Juillet 2008 se sont voulues un hymne pacifique et pacificateur pour le monde depuis la nation des Droits de l’Homme .
Tout a semblé aller à la perfection pour ce grand spectacle politique minutieusement réglé :
-pose de la première pierre de l’UPM la veille, réunissant à Paris de nombreux Chefs d’Etats Arabes et le Premier Ministre Israélien
-défilé de Casques bleus devant des tribunes chargées de ces mêmes dirigeants et en la présence du Secrétaire Général des Nations Unies
Ban Ki-moon , invité d’honneur
-lecture d’extraits de la Convention Universelle des Droits de l’Homme
-mise à l’honneur de l’ex -otage des FARC enfin libérée après un calvaire de six ans de souffrances et d’angoisses
Des symboles à profusion pour cette Fête nationale de la patrie qui a engendré la Déclaration des Droits de l’homme.
Pourquoi alors ce sentiment de malaise ou de doute ?
Ou plus exactement d’ambiguïté ?
C’est qu’en contrepoint de ce bel hymne Républicain résonnent des notes discordantes :
- la présence dans la tribune Présidentielle du Président Syrien Bachar-al-Assad traité avec les honneurs dus au chef d’une Démocratie respectueuse des Droits de l’Homme
- l’ancien Président de la République Jaques CHIRAC laissant dire par son entourage qu’il boycottait ces festivités en raison de la présence du Président Syrien au défilé alors que la Syrie a été mise en cause dans l’assassinat de l’ex-Premier Ministre Libanais Rafic Harari victime d’un attentat en 2005.
- Un autre ancien Président de la République , Valery GISCARD d’ESTAING qui, dans une interview au Nouvel Observateur confirme la positon de Jaques CHIRAC en indiquant qu’il l’approuve et que s’il fallait inviter le premier Syrien à Paris au sommet de l’UPM, il n’avait pas sa place dans la tribune d’honneur du défilé du 14 Juillet.
- Opinion clamée par les organisations de défense des Droits de l’Homme
- Et lorsque , au nom de ces droits , des représentants de certaines organisations ont tenté de manifester contre cette présence, ils ont été réprimés ou appréhendés.
Réprimés ou appréhendés le jour où l’on célèbre la démolition d’une citadelle de la tyrannie, commémoration symbolique qui invite à détruire tous les bastions des tyrannies du monde, toutes les formes d’atteintes à la personne humaine, qui l’enferme matériellement ou moralement, la privant de sa dignité ou de son intégrité.
Pour ne pas troubler cette célébration ? Paradoxe et ambiguïté.
- Avant que ne défilent les corps de l’Armée Française, celle–ci était en proie à une crise importante vis-à-vis de son chef suprême , inquiétée ou indignée de ses dires ou de ses actes, notamment en matière de politique étrangère .
- Peu de temps avant que ne soient rappelés, Place de la Concorde, les termes de la Convention Universelle des Droits de l’Homme, le Président Sarkozy venait de confirmer sa présence à l’ouverture des Jeux Olympiques de Pekin. Pour « ne pas humilier un quart de l’humanité » . Un quart de l’humanité à qui maints articles de cette convention ne sont pas appliqués .
Décision qui vient après des excuses à répétitions de la France et l’envoi d’émissaires en Chine qui selon Marielle de SARNEZ ont troublé et affaibli notre image : « Nous avons en quelque sorte cédé aux intimidations chinoises et au chantage chinois. Tout ceci n'a pas grandi l'image de la France. » estime-t-elle
Certes le jeu de la diplomatie dans un monde aussi complexe et explosif est d’une rare difficulté et en l’espèce la fin justifie souvent les moyens.
Il nous faudrait donc admettre qu’il ne s’agirait que de réalisme , de « Realpolitique » .
Ou d’ambiguïté ?
Il y a quelque six mois le Chef Lybien Mouammar KADHAFI était reçu en grande pompe à Paris, plantant sa tente dans les jardins de l’Hôtel Marigny et hôte d’une réception à l'Hôtel de Lassay, résidence officielle du président de l'Assemblée Nationale, que même des députés UMP avaient boycottée.
C’était , nous disait-t-on , pour le bien de la Paix du monde et surtout de l’économie Française.
Une fois la tente repliée et le tapis rouge roulé, l’hôte de marque s’est empressé de rompre ses contrats et de s’opposer au projet de l’UPM initié par le Président Français qui l’avait tant choyé.
Qui dira ce que demain sera ?
Et si les concessions au Gouvernement Chinois et au Président Syrien n’engendreront pas des résultats similaires ?
C’est qu’en matière de Droits de l’Homme il ne paraît pas possible de cultiver l’ambiguïté.
Pour être fidèle à son héritage, celle de la première nation du monde à avoir circonscrit aussi clairement les droits de la personne humaine, la France doit établir une société prioritairement humaniste.
Tel n’est pas son choix.
Le Président Sarkozy privilégie d’abord l’argent, selon le modèle de l’ultra libéralisme à l’Américaine qui enserre le monde de manière tentaculaire.
Si l’argent ne fait pourtant pas le bonheur, on s’aperçoit aussi qu’il est volatile. Et que la spéculation à outrance entraîne des appauvrissements et le malheur.
Il est donc urgent de redéfinir une société qui se préoccupe d ‘abord des vrais besoins de l’humanité.
C’est cette société-là qui saura poser les Droits de l’Homme comme pierre d’angle. Sans ambiguïtés.
C’est à ce nouveau modèle de société, à cet « humanisme du XXIème siècle » que François BAYROU et les Démocrates veulent travailler alors que nous sommes confrontés chaque jour aux impasses des sociétés qui n’ont pas su se donner cette priorité et qui partout engendrent la souffrance de l’homme et des autres êtres vivants ainsi que de l’environnement planétaire lui-même.
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